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Pommes de terre sans phyto : quand l’utopie devient réalité

Le premier levier pour réduire les phytos en pommes de terre est le recours à des variétés résistantes ou tolérantes. © B. CAILLIEZ

Il n’est pas encore possible de supprimer complètement les phytos, mais les chercheurs mettent tout en œuvre pour y parvenir, et le plus rapidement possible. C’est ce qui ressort du 3e carrefour d’InnoPlant organisé en visioconférence, les 14 et 15 octobre, à Paris.

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« Nous avons choisi de nous focaliser sur la production de pommes de terre sans phyto dans un contexte de limitation, voire de suppression progressive de nombreux produits phytos de synthèse, de fortes exigences de qualité, et de demande de pommes de terre à un prix abordable », a souligné Bernard Quéré, directeur de la FN3PT, lors du carrefour InnoPlant (1) qui a réuni pas moins de 160 acteurs de la filière pomme de terre.

« Les producteurs de plants en ont pris la pleine mesure et financent la recherche dans ce sens, indique-t-il. Les plants de qualité et la génétique apparaissent aujourd’hui comme des leviers essentiels pour aller vers une production de pommes de terre sans phyto. »

La résistance aux maladies et aux ravageurs

Si la tolérance des variétés au mildiou a fait des progrès considérables, les sélectionneurs ne disposent pas encore de variétés qui résistent en même temps aux autres maladies et aux nématodes. Le taupin, qui est en recrudescence, pose de gros soucis. Et les pucerons, favorisés par la remontée des températures, n’ont jamais été aussi présents que cette année.

Déjà 1 % des lots de plants récoltés en 2020 à l’échelle nationale ont été refusés à cause de la présence de virus, contre 0,3 ou 0,4 % maximum d’habitude. Et en Bretagne, 16 000 t de plants ne pourront pas être certifiées à cause du taupin. « Il nous faut travailler sur l’acceptabilité des variétés de demain, note Bernard Quéré. Mais aussi pouvoir continuer à produire du plant dans de bonnes conditions. »

La recherche progresse

« Produire une pomme de terre sans phyto était un objectif qui nous semblait complètement relever de l’utopie il y a encore cinq ou dix ans, reconnaît Didier Andrivon, directeur de recherche à l’Inrae-IGEPP. Mais tout s’est accéléré, les consommateurs veulent des produits sains, et le mouvement vers une réduction drastique de l’emploi de produits phytosanitaires sur pomme de terre s’est considérablement amplifié. La recherche progresse et se saisit des enjeux pour promouvoir de nouvelles méthodes et les insérer dans des systèmes de production efficients, respectueux de la qualité comme de l’environnement. »

Pas encore sans, mais avec moins de phytos, oui

Et déjà les phytos ont diminué. En plus de la génétique et de la modification des systèmes, les chercheurs évoquent les outils d’aide à la décision, le biocontrôle et les techniques de lutte alternative… Des pistes qui mises bout à bout vont permettre de raccourcir les échéances. « Il y a dix ans, on était loin de penser qu’on disposerait un jour de capteurs pilotés par des drones, mais aussi que des ZNT auraient pu être mises en place aussi rapidement, ajoute Didier Andrivon. Et même s’il est difficile de fixer des échéances, gageons que demain, grâce à ces efforts et à ceux des acteurs des filières, l’utopie deviendra réalité ! »

(1) Carrefour InnoPlant organisé par les chercheurs de la FN3PT (Fédération nationale des producteurs de plants de pomme de terre), et sa structure dédiée inov3PT, ainsi que ceux de l’Unité mixte de recherche génétique, environnement et protection des plantes de l’Inrae.

Blandine Cailliez

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